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 Les histoires de la tutelle

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Ark Darkness
EyelessJeff
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MessageSujet: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptySam 15 Sep - 19:25

Bonsoir à tous.
Je vais vous présenter ci-dessous une série d'histoires vraies, écrites par ma cousine, sur son ancien boulot.
Elle bossait à la tutelle, en gros tous les gens incapables de s'occuper d'eux-même socialement et qui ne sont pas des vieux étaient là-bas, ma cousine allait les voir sur "le terrain" pour faire l'état des lieux.
Tout ce qui suit est 100% véridique.
Elle veut débuter un roman, donc je trouve ça cool de lui donner une sorte de coup de pouce en faisant connaître ses histoires.
Je l'appelle Vix.



arret "hopital andré grégoire".les portes du bus 301 s'ouvrent.Je bande mes muscles et joue des coudes pour me frayer un passage dans la masse grouillante de mal-élevés qui piétinent pour monter.le 301 reparti, le boulevard de la Boissière est désert; je le remonte, à la recherche du numéro 124.

116: une bicoque en ruine couverte de tag devant laquelle une vieille femme semble faire griller des sardines sur le barbecue le plus rouillé qu'il m'ait été donné de voir.
118:un batiment a priori ravagé par un incendie a été rafistolé à l'aide de taule ondulée et de planches diverses.
120:la première maison qui n'évoque pas le tiers monde.Certe le crépi manque un peu de fraicheur, et la pollution a fait son oeuvre en noircissant les zones bétonnées.Le portail est un peu rouillé et maintenu à l'aide d'une chaine antivol.
122:un jardin, ou plutot un terrain vague en friche, entrain de phagocyter une carcasse de voiture rongée par la rouille.Une espèce de cabane dans le fond du terrain semble habitée, au regard de la fumée qui s'en echappe.
124:Une maison rappelant celle du 120, mais plus lézardée, et précédée de hautes herbes jonchées de bouteilles de vin et de cubi vides.Nous y voila.

Je gravit le petit escalier décrépi menant a un porche dont il ne reste que le squelette métallique oxydé.Je sonne.Je n'entend aucun bruit à l'interieur, la sonnette est probablement cassée.Je frappe, faisant tomber quelques copeaux de peinture.Aucun bruit.Je continue un certain temps jusqu'à avoir mal aux phalanges.J'hésite à rentrer au bureau.Je sais pertinament que je pourrais rester la un moment, voir même, aller prendre une bière au pmu du coin -aussi peu attrayant soit-il- et rentrer au bureau plus tard.Personne ne me poserait de question.Mais j'ai encore quelques scrupules à me faire payer pour rien.Et surtout, la vieille me fait peur.

"Hé!Y'a un souci?"
Je me retourne vers la voix et découvre un crane chauve dépassant de la palissade en paille pourrie qui semble delimiter séparer le terrain de mon "client" de celui de son voisin de droite.
"Non, je dois venir vois Monsieur Musart mais on dirait qu'il n'y a personne..."
Je commence a descendre l'escalier mais le chauve enjambe le mur vegetal (terminant au passage de le réduire en bouillie) et se dirige vers moi en trébuchant sur les bouteilles vides.J'ai peur.Ma main se glisse dans mon sac a main et je compose le 17 sur mon iphone, prête à appuyer sur la touche "appeler".
"il est surement complètement bourré, j'ai sa clé je vais vous aider à entrer!"
Mon nouvel ami, un chauve dans les 30/35 ans, vêtu d'un survetement jaune moutarde et d'une chemise hawaienne, embaume l'encens, et à le fond des yeux plus rose que Servietsky.Il a pourtant l'air excité et non pas comateux; comme s'il avait pris de la coke après son joint.Ou du speed.Oui, vu comme il sursaute à chaque mouvement que je fais, c'est probablement du speed.Il a enfin trouvé la bonne clef dans une des multiples poches de son hideux survetement.La porte, dont le bois est gonflé par l'humidité s'ouvre dans un souffle de moisi.

Dans le vestibule, la puanteur se diversifie: la moisissure est certe très présente, autant visuellement qu'olfactivement.Mais le tabac froid ainsi qu'un relent d'alcool ou de vomi très alcoolisé occupent bien le terrain également.Je commence a espérer qu'il n'y ait personne, afin de pouvoir quitter ce lieu inhospitalier au plus vite.Des débris de verre jonchent le parquet taché de vin, de bile, et d'urine.Le chauve s'improvise guide de la visite, je le suis dans la petite cuisine ouverte occupée par un essaim de mouches regnant sur une pile de vaisselle moisie et divers restes d'aliments en putréfaction.
Je sursaute: un chat squelettique et infesté de puces vient de se frotter contre ma jambe en tentant un miaulement enroué.

"Marc?" Mon guide, a priori convaincu que le propriétaire des lieux est présent, part à sa recherche dans le salon.
"Marc? Reveille toi! Tu dois être encore bourré hein? MARC!!!"
"Vous voyer bien que cet endroit doit être abandonné depuis longtemps; il a du partir..." dis-je en m'impatientant.
Le chauve me regarde d'un air mi-étonné mi-amusé
"Il ne quitte jamais la maison vous savez;enfin plus précisement le rez de chaussée. Il est bien trop imbibé pour s'aventurer dans l'escalier.Et après ce qui lui est arrivé il ne retournera jamais en ville."
"Comment fait il ses courses alors?"
"Ma copine et moi, on fait souvent un peu trop à manger, on lui apporte les restes.Pour la picole, les gitans passent deux ou trois fois par semaine lui déposer des bouteilles ou des cubis et lui piquer des trucs.Enfin y'a plus grand chose à piquer ici, alors je suppose qu'ils lui prennent son rsa."
Un bruit de chute interromp la conversation.Nous nous approchons du canapé duquel Monsieur Musard vient de tomber.
"Asseyez-vous" semble-t-il baragouiner. J'observe le canapé couvert de taches non-identifiables et de merdes de chats, bien trop identifiables.J'échange un regard géné avec le chauve qui entreprend de faire de la place sur la table basse pour que nous puissions nous assoir.Monsieur Musard s'est assis confortablement sur la plus grosse merde de chat de son canapé.

Nous nous dévisageons en silence.Je détaille sa physionomie de bas en haut:des pieds crasseux aux longs ongles jaunes, rongés par les mycoses et diverses plaies infectées,résultant probablement dés morceaux de verres brisés faisant office de revetement de sol.Un jean déchiré à l'entrejambe auréolée de pisse.Un T shirt souillé de vomi surplombé par un visage ravagé par l'alcool: des taches mauves, pourpres,bleues, jaunes.Des veinules saillantes, des furoncles.Des cheveux gris-jaunes semblent tenir plaqués sur son crane par la saleté, des poils hirsutes que je ne peux qualifier de barbe ornes le bas de son visage ainsi que ses narines et ses oreilles.Justement , il entreprend de se curer l'oreille d'un doigt.J'ai donc l'occasion d'observer ses mains et l'horreur m'envahit: outre la crasse et les taches diverses,je remarque qu'aucun de ses doigts n'est disposé dans un angle normal.Ses mains ressemblent a de vieilles branches d'arbres en hiver.Les doigts sont crochus, mais pas tous dans le même sens.la plupart de ses phalanges semblent avoir été retournées, et ne peuvent à priori plus se plier.
Il me fixe d'un oeil vitreux injecté de sang depuis un bon moment a présent."C'est qui celle-la?" Demande-t-il enfin.
"c'est la dame des tutelles Marc." Répond le chauve.
"De quoi? Pour quoi faire?"
Je prend la parole "Je reprend votre dossier Monsieur Musart.Je viens donc vous rendre visite, pour me présenter, pour voir comment vous vous portez, et pour vous faire signer les papiers afin que vous puissiez toucher votre indemnité de licenciement."
"Vous avez retrouvé ma fille?" Me demande-t-il d'une voix geignarde.
J'interroge le chauve du regard.
"Il a plus de nouvelles de sa fille depuis des années vu qu'elle était partie vivre avec sa mère quand elle s'est barrée.Mais elle lui écrivait des lettres de temps en temps et la ça fait longtemps qu'il en a pas reçu.En même temps je suis pas convaincu qu'il lui répondait souvent vu l'état dans lequel il est.Mais on l'a aidé a en écrire une bien et a la poster; elle nous est revenue, donc la petite a déménagé et sans laisser de traces...Du coup il veut qu'on la retrouve mais je suis pas detective privé moi, je suis producteur de video porno amateur."
Je suis tentée de le remercier pour cette précision très utile concernant sa profession mais je m'abstiens.
"Du coup on s'est dit qu'à la tutelle la, vous pourriez peut être l'aider à la retrouver.La dame qui s'occupait de son dossier avant elle en avait rien à foutre elle disait que c'était pas son boulot .Mais vous vous avez l'air sympa."
"Heu,merci.Comment vit-il au quotidien?Je veux dire...de quoi a t il besoin? Je dois informer l'assistante sociale pour qu'elle fasse au mieux..."
"Me faudrait un peu plus d'argent pour mes cubis" marmonne mon client.
Répondant à sa place, le voisin écarte les bras, désignant l'ensemble de la pièce d'un air impuissant.
"De quoi il a besoin à votre avis? Il vit dans une porcherie mais aucune femme de ménage n'accepterait de travailler ici , y'a pas de femme de ménage qui viennent nettoyer les cartons des clodos que je sache? Ben ici c'est son carton.Le plus chiant c'est qu'il ait peur de sortir de la maison.J'ai essayé de le trainer en centre ville pour lui ré-apprendre à faire sdes courses tout seul mais y'a rien à faire, il est terrifié."
"Je veux pas les revoir" bredouille mon client d'un air soudain inquiet.
Il poursuit: "Je veux pas les revoir; imagine s'ils me voient..ils vont savoir que j'suis toujours la tout seul et ils vont revenir."
Le chauve reprend la parole:
"Il parle de ses squatteurs.En fait, y'a deux ans environ, il a rencontré un couple de camés aux pmu-à l'époque il sortait encore."
"C'était juste après la mort de Martine...quand je l'avais retrouvé entrain de se faire bouffer par les vers.On était au lit vous savez!" Ajoute mon client en interrompant son voisin.
Devant mon air de plus en plus perplexe le voisin explique:
"Martine c'était sa copine, elle louait un appart en centre ville , ils picolaient tous les deux comme pas possible ils finissaient dans les vappes tous les soirs.Un soir ça c'est passé comme d'habitude, coma ethylique ça s'appelle.Il a du se reveiller et se la coller à nouveau pendant plusieurs jours en re-sombrant sans vraiment décuver.Et puis deux semaines après l'ex de Martine qui venait l'insulter de temps en temps s'est pointé et il a défoncé la porte comme il faisait à chaque fois .Il a tabassé Marc, à priori ça l'a un peu reveillé...Martine était toujours dans le lit à coté de lui , depuis deux semaines.Elle était morte dans son coma ethylique et elle grouillait de vers."
"J'étais vachement triste du coup après j'allais tout les jours au pmu ou on s'était rencontrés. Tous les jours.Martine me manque putain je l'aimais vachement."Dit Monsieur Musart en commençant à pleurer.
"Donc dans ce pmu, il a rencontré un couple de camés, ils lui payaient des coups à boire, et puis comme il leur disait que Martine lui manquait et qu'il se sentait seul dans sa maison, ils lui ont proposé de lui louer l'étage."
"Ils m'ont jamais payé un centime!"
"Ils sont venus, ils se sont installés à l'étage, en moins d'une semaine ils squattaient toute la maison.Ils lui ont d'abord dit que c'était plus pratique qu'il dorme sur le canapé et qu'il leur laisse la chambre, soi-disant pour pas qu'il tombe dans l'escalier.Ils bouffaient tout son rsa.Lui il était tout le temps bourré comme d'habitude, et vu qu'ils lui rapportaient de l'alcool il disait rien.Un soir il a gueulé parcequ'il avait la dalle le pauvre, les autres étaient défoncés au crack du coup ils lui ont cassé la gueule, il l'ont frappé ac un pied de chaise et il lui ont pété tous les doigts.Ils l'ont foutu dans la cave et ils ont verrouillé la porte."
"Ils m'ont enfermé en bas la , je suis tombé en bas des escaliers et plus tards ils m'ont jeté le coussin du chien que j'avais dans le temps."
"A priori ils lui donnaient a bouffer leurs restes ou des boites pour chat par la chattiere de la porte de la cave, et surtout de l'alcool pour qu'il reste bien bourré et qu'ils ne lutte pas.Comme ça ils avaient une barraque gratos, un rsa en plus des leurs...tranquille quoi."
Surprenant mon regard sur les mains de mon client il ajoute "Ils lui ont pété tous les doigts et ça a cicatrisé en vrac vu qu'il est pas allé a l'hosto, il a de la chance que ça se soit pas infecté il aurait plus de doigt!Bref, pendant six mois au moins il était la dedans, moi à l'époque j'étais en mode routard en amérique du sud donc y'avait personne pour passer le voir.C'est quand je suis rentré que j'ai voulu voir ce qu'il devenait,ils savaient pas que j'avais la clé les camés, du coup ils m'ont vu debarquer comme ça alors qu'ils gueulaient des insultes par le trou de la chattiere."
"Ils me disaient de fermer ma gueule , quand j'étais pas assez bourré pour pioncer je leur gueulais que j'allais les buter."
"Du coup j'ai compris qu'il y avait quelqu'un la dedans, même si j'aurais pas imaginé toute l'histoire.Le type a commencé a me jeter dehors, au lieu de resister je me suis barré en courant pour prevenir les flics."
"Mais ils sont toujours dans Montreuil je le sais ils peuvent revenir".
"Les deux salauds ont juste eu une ordonnance pour les empecher d'approcher de la maison et une obligation de soin..." Il éclate de rire "je les vois toujours faire la manche sur le parking de Ed toujours aussi défoncés."
Un ange passe. Le chat miteux rappelle sa présence par un faible miaulement et lappe une flaque de vomi.
"Il faudrait penser a nourrir votre chat" dis-je sans trop savoir pourquoi.
Le chauve entreprend ensuite de m'aider à faire signer les papiers de licenciement par Monsieur Dusart,puis je prend congé, perplexe, en lui promettant d'essayer de retrouver sa fille.le voisin me raccompagne jusqu'au portail et m'invite a boire un verre.Je suis tentée un instant d'accepter pour tenter d'obtenir plus de renseignement sur mon client mais me rappelant de sa profession, je prefère rentrer au bureau.
Je sors le dossier de Monsieur Musart afin d'y ranger ses papiers, et j'entreprend de l'explorer en détail à la recherche d'une piste pour retrouver sa fille; une pochette intitulée "Laura" attire mon attention. Je l'ouvre ety trouve une feuille sur laquelle un post-it jaune "ne pas communiquer au client" est collé.En retirant le post-it je vois qu'il s'agit du certificat de décès de Laura Musart.

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MessageSujet: Re: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptySam 15 Sep - 19:27

Une autre histoire, un peu plus...fécale.


Drancy, je ne m'étonne même plus des paysages désolés qui defilent lors de mes trajets en bus.Je descend.Le boulevard est desert et je tape l'adresse de mon client dans le gps de mon téléphone portable.Sans surprise, je suis les indications à travers des rues de plus en plus sordides.Il s'agit ici d'un sordide assez imposant: de vastes avenues grises , desertes , et jonchées d'ordures; d'immenses barres d'immeubles dont ne filtre aucun signe de vie.Beaucoup de carreaux cassés, de graffitis, de poubelles renversées.J'apperçois la carcasse d'une voiture calcinée.

Numéro 13; est-ce un signe? Nous y sommes en tous les cas.Le numéro 13 est donc un grand immeuble en briques rouges noircies par la pollution.J'enjambe quelques détritus et atteint la porte d'entrée à la vitre fissurée.Un peu maniaque, voir hypocondriaque, je constate que je n'ai plus de gel desinfectant, je prefere donc tirer l'armature métalique du bout de la chaussure pour entrer.Le hall est sombre, les néons ne fonctionnent pas, c'est donc encore une fois grace à mon fidèle telephone que j'arrive "à bon port" c'est à dire au troisieme étage, porte C, après avoir peiné dans l'escalier pour éviter de marcher dans des flaques de substances diverses d'origine douteuse.

Quelle odeur va m'accueillir aujourd'hui? Je songe à tous les clients que j'ai visité jusqu'à présent, qui m'ont permis de découvrir les innombrables facettes de la misère et de l'insalubrité.Je suis confrontée le plus fréquement à l'odeur de la moisissure, ou des poubelles en putréfaction; il m'arrive aussi de croiser le fumet de vomis alcoolisés ou d'urine.

Je me résoud à appuyer sur la sonnette du bout du doigt ...je me laverai les mains en rentrant au bureau.Une voix éraillée hurle quelque chose d'incompréhensible, qui ressemble d'avantage a "va chier!" qu'a "entrez".Une petite dame en jogging, les cheveux enroulés dans un fichu m'ouvre enfin la porte, et c'est l'odeur des toilettes publique, encore inédite jusqu'a présent dans mon expérience professionnelle du moins, qui m'enveloppe alors que j'entre chez Monsieur Merlier.

"Je suis Fatzia; l'aide à domicile envoyée par la mairie." Me dit la petite dame, avec un air géné.
Je comprend mieux sa gêne en progressant dans l'appartement; les murs sont "décorés" de ce qui pourrait ressembler à des peintures rupestre réalisées à l'aide d'excréments.D'après sa fiche de renseignements, Monsieur Merlier ne possède pas d'animaux; j'en déduis donc que ce sont ses excréments qui servent de support à l'expression de son art.
Fatzia me regarde avec un air désolée "je ne peux pas nettoyer tout ça, j'ai demandé a la mairie une lessiveuse pour les murs mais ça n'enlève pas tout et il recommence chaque semaine."puis à voix basse "Il est dans sa chambre, je lui ai dit de rester tranquille."Elle entreprend de me faire visiter l'appartement; le salon est lui aussi un haut lieu d'expression artistique.Les coussins du canapé ont été déchiquetés "Il me dit que ce sont les rats mais je pense que c'est lui.Vous savez il est aveugle alors il s'ennuit, il étale sa merde sur les murs et parfois il casse tout."J'imagine un instant la réaction de mes collègues si je me mettais à faire ce genre d'activités au bureau "par-ce-que je m'ennuie" et je retiens un fou-rire.Elle me montre ensuite la cuisine, la friteuse qu'elle vient de nettoyer, les placards d'ou elle vient, me dit-elle , d'oter les crottes de rats.Nous faisons ensemble la liste des meubles à remplacer.

De la chambre de Monsieur Merlier parviennent des couinements. "Merde! il s'excite.Restez la j'y vais." me dit -elle en se dirigeant vers la pièce. "Tu fermes ta gueule André sinon je dis a la mairie que je viens plus!!!" crie elle a travers la porte , puis se retournant vers moi "Il m'aime bien alors si je le menace de me barrer il se calme."en effet les cris ont cessé.

"Il faut que je le vois de toute manière, je dois faire un rapport pour l'assistante sociale." lui dis-je.
"Ah, bon. Oui je comprend. Je préfère rester avec vous il peut être violent." Elle pousse la porte et je rencontre enfin André Merlier.

Il est squelettique, porte un pantalon de pyjama maculé de taches identifiables à l'odeur qui l'entoure, et un pull en laine crasseux plein de trous.Ses rares cheveux bruns sont longs et filasses, son visage émacié est animé de crispations repétitives et ses yeux sont opaques, rendus aveugles par la cataracte.

"Ch'est qui? Fatchia ch'est qui??" couine-t-il, me laissant constater qu'il n'a plus que deux ou trois dents jaunatres dans la bouche.

"C'est la déléguée de tutelles André.Tient toi bien si tu veux qu'on te rachète des meubles!Dis bonjour!"

"Bonchour" articule -t -il péniblement.
"Bonjour Monsieur Merlier.Vous allez bien?" Je lui ai répondu en ignorant la main qu'il me tend,car vu l'état de ses ongles, il est évident qu'il "peint" avec les doigts.je suis d'ailleurs restée dans l'embrasure de la porte car il y a de la merde jusqu'au plafond dans la chambre de mon client.
"Ben alors vous me cherrez pas la main?".Mince, il insiste.
"J'ai pu voir que vous aimiez vous amuser avec vos excrément Monsieur Merlier, et je ne prefère pas y toucher."
"Ch'est pas du rechpect cha! Elle Veut pas me cherrer la main la connache Fatzia! Elle che fout de ma gueule!! Che vais appeler votre bureau pour me plaindre!!!" me crie-t-il.
"André tu te CALMES ET TU FERMES TA GUEULE! Tu fous tes mains dans ta merde c'est normal qu'on veuille pas te serrer la main ni entrer dans ta chambre! T'es degueulasse!" Intervient l'aide à domicile.
"Alors toi auchi t'es de chon coté!"répond-il d'un ton bléssé.
"Venez acheyez-vous." Me dit-il sur un ton amical,ayant visiblement oublié sa fureur d'à l'instant.
"Non merci je vais rester debout.Racontez moi un peu comment vous vivez Monsieur Merlier."
"Ch'est depuis la mort de Franchois que che m'ennuie comme cha."Commence t il d'une voix triste.
"Laisse moi raconter André on comprend rien quand tu parles! " l'interromp Fatzia.
Se tournant vers moi elle se met à parler a voix basse , comme si Monsieur Merlier ne pouvait pas nous entendre alors qu'il se trouve à moins d'un mètre d'elle.
"François c'était son grand frère, ils ont toujours vécu ensemble."
"Touchours! Ch'est avec lui que je me chui enfui..."
"Tais-toi!"
"Ils se sont enfuis ensemble du foyer ou ils étais placés et ils se sont installés dans le campement de clodos sous le pont la , à Bondy, vous connaissez? "
"Oui."
"Son frère avait trois ans de plus que lui et il s'en occupait.Un peu trop même."
"C'est à dire?"
"Ah commenche pas a dire des conneries sur mon franchin!"
"Quoi des conneries? Il t'enculait ou pas? Tu me l'as dit pas vrai?"
"Oui ch'est arrivé, mais ch'était de l'amour."
"Putain..." soupire-t-elle en levant les yeux au ciel.
"Bref, depuis gamin c'était comme ça, par la suite ils ont obtenu une piaule dans un foyer pour clodos, et puis comme André est devenu aveugle et donc reconnu comme handicapé, ils ont eu ce logement."
"On était heureux enchemble ichi."
"Ouais...Donc François est mort l'an dernier d'une overdose et depuis André est devenu dingue, même si je pense qu'il était pas mal atteint avant ça."
Je la regarde, attendant la suite avec appréhension.
Elle continue:
"Il refuse de tirer la chasse sur la derniere merde de son frère cet espèce de taré scatophile, donc les chiottes sont condamnées,j'ai essayé de les nettoyer mais il m'a menacé de me frapper donc j'ai laché l'affaire."
"Ch'est tout che qui me rechte de Franchois alors on y touche pas!!!"
"Tu as aussi son pyjama degueulasse que tu ne veux pas laver et ses draps pourris que tu ne veux pas que je change! Un jour je vais te les prendre et les jeter!" Lui répond elle avec hargne.
Pour toute réponse il s'enroule dans les draps, effectivement dans un état lamentable, et s'y aggripe avec un air de défi.
Fatzia poursuit son récit: "Comme les chiottes sont condamnées, Monsieur chie un peu partout par terre, et je ne sais pas comment il en est venu à lancer sa merde sur les murs mais c'est maintenant son occupation principale."
Après ces explications edifiantes, je me sens un peu barbouillée et je prend congé de Monsieur Merlier qui, en homme civilisé me tend à nouveau sa main; que je suis toujours incapable d'accepter de serrer.Il retrouve son indignation de tout à l'heure, et c'est sous une pluie d'insulte que je suis raccompagnée à la porte par Fatzia qui arbore un air désolé.

Dans le bus du retour, je suis encore sous le choc de ce que je viens de vivre, j'ai atteint le fond du sordide je pense.Arrivée au bureau, je vais faire mon rapport à la directrice qui m'attend de pied ferme, furieuse.
"Monsieur Merlier vient d'appeler! Il m'a dit que vous aviez été hautement incorrecte avec lui, je ne pensais pas ça de vous! Refuser de serrer la main d'un client c'est vraiment impoli vous savez? Et l'image de l'association vous y pensez??!"
C'en est trop.De toute manière ma décision est prise, cela fait plusieurs jours que je suis décidée à quitter ce boulot de merde.Je la regarde bien en face "OK, imaginons que vous veniez me voir dans mon bureau et que je l'ai entierement redécoré avec mes mains et mes propres excréments.Est-ce que vous accepteriez 1) D'entrer? 2) De me serrer la pince??!"
"Parlez-moi sur un autre ton vous savez que je ne tolère pas l'insolence! Si vous n'êtes pas capable d'assurer vos missions c'est que vous n'êtes pas digne de ce poste!"
Je sors de son bureau, la directrice sur mes talons, qui continue de me crier dessus.Je retourne dans mon bureau et prépare mes affaires.Il est 17h18, l'heure de partir.Elle ne peut donc pas savoir si je pars comme tous les jours ou si je PARS pour de bon de cette association de tarés.J'hésite: dois-je lui signifier ma démission immédiatement et risquer de subir ses hurlements et protestations pendant une heure, ou partir tranquillement et lui envoyer ma lettre demain? J'aime que les choses soient claires et directes, mais je ne suis pas certaine de pouvoir garder mon calme pour une nouvelle session de hurlements, si je lui en collais une, j'aurais probablement des ennuis.Je décide donc de partir en disant gentiment au revoir à tout le monde, elle y compris, et d'attendre d'être chez moi pour rédiger ma lettre de démission.
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EyelessJeff
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MessageSujet: Re: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptyDim 30 Juin - 0:53

Woua. Vraiment, on ne peut pas savoir toutes la misère qui ce cache dans le monde. C'est désolant quand même...ce qu'a vu t'a cousine...on comprend pourquoi elle à quitter son travail. Et le pire c'est que j'ai l'impression que ça ne va pas changé demain...je les plaint.
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MessageSujet: Re: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptyDim 22 Sep - 22:45

Si elle sort un roman je serait grave intéressée
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Laïka
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MessageSujet: Re: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptyLun 23 Sep - 21:41

Ouais c'est clair.
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MessageSujet: Re: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptyMer 30 Oct - 0:02

Woaw...Que dire, j'en entends déjà pas mal avec ma mère qui travaille comme aide à domicile, certaines personnes âgées se laissent aller, si je puis dire.
Mais là c'est quand même assez violent...
Surtout le premier qui m'a "bouleversée" si je puis dire...Surtout la mort de sa fille.

Bref, il en faut des burnes pour ce métier...Vraiment beaucoup.

Par contre, ce qui me désole aussi, c'est qu'elle soit envoyé seule dans des coins vraiment louches, en plus même si il y avait quelqu'un qui venait avant, on ne sait pas comment le changement peut-être interprété pour une personne en difficulté, mal, défoncé ou quoique ce soit...Il peut soit bien réagir (chaouette, de la visite !) ou carrément mal (c'est qui c'est [censored] pourquoi elle est chez moi? etc) donc bon, ça craint, surtout une femme seule (égalité des sexes, blablabla, oui mais non.)
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Tripoda
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MessageSujet: Re: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptyLun 17 Fév - 18:42

J'ai eu une conversation très intéressante hier avec un ancien prof qui a longtemps exercé les fonctions d'inspecteur des enfants scolarisés à domicile, et c'est pas triste non plus. Il m'a cité le cas d'une fille de 15 ans vivant à Vénissieux.
Tout d'abord, l'accueil de la famille: "Ah, vous voilà! Vous êtes passé par l'ascenseur? D'habitude ils passent plutôt par la fenêtre."
Arrivée dans la chambre. Au milieu d'un décor plutôt dépouillé et insalubre, le père a fait tendre, au dessus du lit, un baldaquin rose bonbon... Sous le sommier, une trentaine de poupées démembrées.
Je ne me souviens plus bien du récit de l'entretien, même s'il était assez hard également. Il repart donc un peu secoué, mais plein d'une légitime colère, et rédige un rapport saignant, servi peu après aux instances responsables: vous avez laissé cette pauvre fille dans sa merde, maintenant il va falloir se bouger et la soustraire à ses parents.
Réponse du type: "Elle a eu ses 16 ans il y a deux jours, ce cas ne relève plus de votre autorité."
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http://inutileetdesagreable.blogspot.fr/
Ryoma Nagare
Doublure d'Herobrine
Ryoma Nagare


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MessageSujet: Re: Les histoires de la tutelle   Les histoires de la tutelle EmptyLun 17 Fév - 19:13

je prefere la deuxieme .-. mais les deux son tres bien Wink
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